Articles for février 2016

Le travail de scaphandrier professionnel

Le travail de scaphandrier professionnel

Le casque kirby morgan 18 à l'inpp

Le casque kirby morgan 18 à l’inpp

 

Un jour comme les autres en France.
Un de ces jours ou 2 180 bébés voient le jour, un de ces jours où 274 chiens et chats sont abandonnés.
Un de ces jours que l’on croit unique et qui se répètent 365 jours par an. Aujourd’hui est pourtant un jour comme je les aime. Propice au coup de cœur du hasard, à une rencontre.

Trois scaphandriers professionnels avancent. Patrick, David et moi.
Il est 5 heures et le jour qui se lève découpe la silhouette d’une cheminée. Si grande qu’elle doit dépasser la tour Eiffel.
Ses installations de surface n’ont qu’un seul but. Aller sous terre.

Nous sommes à la mine de Gardanne.

Très exactement au « puits Gérard », des houillères de Provence.
Les techniciens d’exploitation de celle-ci nous font découvrir le chemin.

A peine le sas pressurisé, nous entrons dans la cage de l’ascenseur. La cloche retentit. C’est parti…
C’est la paroi qui semble bouger. Un voyage immobile.
Malgré l’air frais qui entre dans le puits par plusieurs endroits, nous retenons notre souffle.
Presque en apnée, nous nous atteignons 611 mètres en moins de 4 minutes.
Nous déchargeons le matériel. Poussière, rouille, tout est gris.
L’humidité suinte des parois. Décor apocalyptique de labyrinthes aux allures de fin du monde.

Le parcours du combattant

Nous croisons de drôle d’engins. Machines-outils abandonnées ou hors d’usage.
Construites sur place au fond du puits, pièces par pièces, elles n’ont jamais vu le jour. Elles ont servi à creuser les tunnels.
« C’est par ici qu’il faut passer ! » rappelle le technicien. Les bi-bouteilles sur le dos et le reste du matériel au bras, le parcours semble interminable.
Nous entrons dans une zone où il n’y a plus de lumière.
Nous ne sommes plus des hommes mais des taupes vagabondes dans le réseau de galerie.
Ce qui nous reste d’humain, c’est cette lampe sur le front qui est orientée vers le sol pour ne pas aveugler les autres.

On avance toujours plus profond dans les entrailles de la terre. Immense chambre noire ou se découpent nos ombres.
Un défilé de fantômes. On se suit en rang. Je ferme la marche.
La chaleur est suffocante avec le néoprène. Les rails sur le sol laissent imaginer combien de wagons sont passés et combien de personnes ont travaillé pour gagner leur croute.
Je pense au siècle de Zola.
A droite, à gauche. Seul, je serai incapable de refaire le chemin inverse.

Une station de métro inondée

L’atmosphère est aussi pesante que notre matériel. Ici la galerie est plus étroite qu’ailleurs.
Il faut se glisser à quatre pattes, le bi sur le dos. Comme des tortues nous rampons sous les arcs-boutants métalliques et les grillages qui retiennent les pieux.
Enfin nous sommes arrivés et nous pouvons nous redresser dans la galerie qui nous intéresse. Elle mesure 14 kilomètres et rejoint Gardanne à l’Estaque.
Elle ressemble à une station de métro inondée aux trois-quarts.

Notre travail consiste à retirer la vase qui obstrue la crépine d’aspiration sur 25 mètres de long et trois mètres de haut.
Les techniciens arrêtent le fonctionnement de la pompe.
J’écoute les recommandations du chef de chantier. Il rappelle que nous sommes là pour réaliser cette mission en un temps donné.
Equipé du narguilé, je m’immerge. Le noir total. Absolu. Je ferme les yeux pour mieux me concentrer.
Je mets en place l’outil qui nous servira à pomper la vase gênante. C’est une sorte d’aspirateur sous-marin géant, identique à celui qu’utilisent les archéologues.

Un shaddok subaquatique.

Je suis dans 3 mètres d’eau. Je me repère sur les parois et me trace mentalement un plan de la galerie.
Je m’arrête et me place pour actionner la suceuse. Comme un aveugle, je travaille au toucher. Comme un shaddock je pompe !
Il faut attaquer la vase comme on couperait un gâteau méthodiquement, tranche par tranche, et c’est son niveau général qui baisse.
Je sens par moment cette vase qui glisse et me recouvre une partie de mon corps.
Dans le noir la notion du temps disparait. J’en oublie même les 611 mètres de terre qui sont au-dessus de moi.
Mon souffle rythme ma cadence de travail. Le noir absolu est impressionnant.
C’est la première fois que je plonge dans l’obscurité totale. Je ne vois même pas mon doigt sur mon casque.
Je pense alors aux belles plongées loisirs que je fais à Marseille chaque semaine et aux fonds spectaculaires des voyages sous-marins aux Caraïbes.
Les communications du casque, ainsi que le rigaudon me signalent la fin de ma plongée. Déjà 2 heures !
Je remonte doucement le long de la paroi. Je fais surface. Il ne reste plus que quelques centimètres de vide.
La pompe ne fonctionnant plus, le niveau d’eau a augmenté considérablement.
Comme je ne vois rien et pour gagner du temps, mes 2 collègues scaphandriers me tirent par le narguilé pour me faire revenir au camp de base.
En bas nous laissons le matériel. De toute façon, nous allons revenir demain…

Plongée à faible profondeur

La vie sous-marine des petits fonds

Plonger en partant du bord d’une plage offre un spectacle stupéfiant. Celui de la vie sous-marine… A quelques mètres seulement du bord de mer et à quelques centimètres sous la surface vit un monde d’une diversité incroyable. Plongée à faible profondeur permet aux plongeurs de rester longtemps sous l’eau sans avoir de palier à faire. A l’inverse des plongeurs « palmeurs », vous trouverez une situation idéale si vous êtes un plongeurs « matteurs ». Prenez votre temps ! Venez prendre l’air ! Respirez ! Ouvrez grand les yeux ! Avoir envie de découvrir est le maitre mot. Si vous avez un phare pour visiter le grand bleu, c’est un monde coloré qui s’offre à vous. Visitez ce monde fascinant ! Plonger du bord et l’aventure est au bout de la rue…

Francis Leguen et l’Art fractal

Francis le Guen plonger du bord

Francis Leguen et l’Art fractal

Francis le Guen plonger du bord

Francis le Guen et Eric Vastine, auteur des guides Plonger du bord

 

Quand j’ai rencontré Francis Leguen, célèbre plongeur, auteur de « Narcoses » et présentateur de l’émission « Carnets de plongées »,
lors d’une séance de dédicace au salon internationale de l’image sous-marine de Marseille,
celui-ci me parle de sa passion pour l’art.
Il me demande si je connais l’art Fractal. Alors il me montre quelques œuvres qu’il a réalisées. Tout à fait stupéfiant…
Je suis curieux de savoir où il puise l’inspiration pour réaliser ses tableaux fractals.
Il me répond que c’est dans ses souvenirs de voyages et ses explorations, dans les mondes souterrains ou sous-marins qu’il a eu la chance de parcourir sous toutes les latitudes…

Mais depuis qu’il habite Marseille,

les paysages superbes des calanques et les fabuleux couchers de soleil du bord de la mer lui sont sa source d’inspiration.
Comme un crépuscule sur les îles du Frioul vu de la Pointe rouge…
Francis Leguen est solaire et fasciné par notre étoile. Il aime dire qu’il est un artiste « phototropique ».
La lumière qui éclaire un paysage a une réaction par rapport à l’orientation de celle-ci, soit dans la direction d’un rayonnement lumineux, soit dans la direction opposée.
L’aléatoire de la vie, l’aléatoire des paramètres mathématiques sont à l’origine de ses créations.
C’est comme si le hasard avait rendez-vous avec l’aluminium et le polyéthylène.
Ces impressions numériques et impressionnées sur de l’Alu Dibond.
Tel un démiurge, il reste le maitre de ce destin. Il travaille sur le principe des calques superposés.
Chaque calque pouvant être une fractale différente composée d’une multitude d’équations et de paramètres.
Avec les différents modes de fusion et de masquage disponibles, les possibilités deviennent… infiniment infinies !

Attention, ne lâchez pas le fil d’Ariane : on peut se perdre dans la Mandelbulb. Ce n’est jamais que l’infini…
Mais au détour d’une galerie noyée, au milieu d’une flore étrange, il a vu, de ses yeux vu, une épave baroque concrétionnée de corail, un récif d’un autre monde où les sirènes nues remontent des abysses, un gouffre de stalactites où souffle le vent de l’aventure…
Toutes ces images ont été créées en explorant les multiples reliefs à différentes échelles de la Mandelbulb.
Une plongée virtuelle dans un monde mathématique avec des paliers fréquents devant telle ou telle architecture « plus vraie que nature » ou plutôt « aussi vraie »,
tant il est exact qu’on peu en principe découvrir tout type d’environnement caché au sein de la boule magique !

Découvrez Francis Leguen et l’Art fractal.
A 19 heures : Conférence de Francis Leguen -Fractale Attraction – « Plonger dans l’art algorithmique pour mieux comprendre la nature »

Plongerdubord sur la bouée Bohra 2

Bouée Bohra

Plongerdubord sur la bouée Bohra 2

Une nouvelle plongée du bord, la numéro 30/52 extraite du guide éponyme.
Dans les années 70, le CNEXO (Centre National pour l’’Exploitation des Océans) a construit une bouée laboratoire.
La Bohra 1 (dénommée bouée Cousteau car le commandant en était à l’initiative), a été détruite par un incendie.
La seconde flottait en 1973 sur la mer méditerranée au large de La Ciotat, comme une plate-forme offshore.
Elle servait de station météo et permettait une série d’expériences scientifiques. Axées sur la physique et la dynamique des mers, sur la biologie marine.
Mais aussi sur les mécanismes d’échanges entre les océans et l’atmosphère.

La bouée Borha 2 ressemblait à un champignon.

Dans sa tête composée de 3 étages et d’une terrasse sur le toit (haute de 10 mètres sur 10 mètres de diamètre) vivaient 2 hommes d’équipage et 4 scientifiques.
Elle séjourna, jusqu’en 1978, au milieu du golfe du Lion à 180 km au Sud-ouest de Marseille.
Des ancres mouillées à 3 000 mètres de fonds, lui permettait de résister à des vagues de 12 mètres de hauteur et des vents de 180 km heure.
Cette bouée-laboratoire a cessé d’être utilisée des les années 80.
Aujourd’hui, la tête de la bouée bohra 2 est à La Seyne sur mer dans le Var.

Afin que ce flotteur étanche reste stable à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer, les ingénieurs lui avaient construit un grand pied de 60 mètres de long et de 4 mètres de diamètre.
Ce cylindre, surnommé la « perche », était la partie immergée de la station. Il servait de ballast et de réserve d’air et d’eau.
Cette quille, coulée en 1988, repose par 24 mètres sur un fond sableux entre la Madrague de Montredon et La Pointe Rouge.
Certes, ce n’est qu’un long tube de métal posé à l’horizontal. Mais son histoire est inscrite dans le patrimoine de ceux qui aiment la mer.
Vous allez plongerdubord sur la bouée Bohra 2, un monument historique !