Les Gabians de Scandola

Les Gabians

Scandale à Scandola – Combat pour un sanctuaire

D iffusé sur France 3, ce Jeudi 17 octobre, à 22 heures 40, il s’agit d’un reportage de 52 minutes d’Emmanuel Roblin. Il a pour titre « Scandola, combat pour un sanctuaire ». Il fait le point sur la réserve naturelle de Corse. Un joyau classé au patrimoine de l’Unesco. Des milliers de visiteurs y admirent des roches volcaniques que les millénaires ont sculptées, ainsi que des fonds marins d’une incroyable richesse. Un patrimoine exceptionnel, aujourd’hui menacé. Des scientifiques et des associations de défense de l’environnement se mobilise. La surfréquentation touristique du site impacte gravement sa biodiversité. Parmi les espèces les plus touchées, le mérou et le balbuzard pêcheur, des animaux emblématiques de la Méditerranée. Il faut dire qu’en dix ans, le nombre de bateaux de touristes a quadruplé dans les ports des environs

Tous les scientifiques tirent la sonnette d’alarme

Les conséquences de la surfréquentation de la réserve naturelle de Scandola sont nombreuses. Impact sur la reproduction des oiseaux et de certains poissons. Une flore marine raréfiée. Le plongeur et biologiste marin, Rémy Simide, a eu la chance d’avoir pu y plonger à plusieurs reprises pour y effectuer des suivis scientifiques. Il a vécu ses plongées les plus incroyables, littéralement immergé au sein d’une biodiversité parfaitement préservée, le tout dans un décor féerique. Ce n’est pas pour rien que c’est le seul site littoral méditerranéen classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pourtant, il a pu constater une chute incroyablement brutale de la biodiversité, en seulement quelques mois. Coraux rouges, posidonies, algues cystoseires, gorgones, litophilum, grandes nacres et poissons sont tous impactés. Ce reportage décrit l’état de cette réserve, sa gestion et les nombreux enjeux qui l’entoure.

Une situation préoccupante !

M algré des rappels à l’ordre quotidiens dans cette réserve naturelle, les visiteurs portent atteinte à l’environnement. Notamment, avec les herbiers de posidonie en jetant l’ancre de leurs bateaux de moins de 24 mètres. Dans biens des régions de Méditerranée, les herbiers sont en nette régression et celui de Scandola montre aussi des signes de dégradation. Autre indicateur préoccupant : les résultats des recensements de poissons dans la réserve. Si la population de mérous est stable, les derniers comptages révèlent que le nombre de corbs a été divisé par deux depuis 2012. Une situation alarmante que les scientifiques tentent de comprendre. Leur hypothèse : le bruit des moteurs de bateaux pourrait déranger ces poissons très sensibles au son. Des enregistreurs sous-marins ont donc été placés dans la réserve et les données sont en cours de traitement.

L’inquiétude est encore plus grande pour les balbuzards pêcheurs.

Les études font craindre une disparition de l’espèce à Scandola, car des statistiques sont dramatiques concernant les poussins à l’envol. Ils étaient 15 en 2007, mais depuis 2012, c’est la dégringolade. Dans la réserve, un seul poussin arrive à prendre son envol chaque année, voire aucun. Une situation due, selon les scientifiques à la surfréquentation qui modifie le comportement des animaux. D’après les études, au lieu de protéger leur nid, les femelles passent six fois plus de temps en vol et les mâles rapportent deux fois moins de proies. Les poussins, eux, présentent un taux trois fois plus importants d’hormones du stress.

Les scientifiques préconisent donc qu’une zone de quiétude soient mise en place autour de la réserve.