Récifs artificiels en Méditerranée : Pneus et écologie

Récif artificiel

Récif artificiel

 

Qui aurait pu le prévoir ?!
Entre 1980 et 1982, quelques 25.000 pneus ont été déposés au fond de la mer entre Cannes et Antibes.
3.480 m3 de caoutchouc destinés à aménager une sorte de récif artificiel pour appâter les poissons.
Trente cinq ans plus tard, c’est un échec.
Non seulement les poissons ne sont jamais venus, mais pneus et écologie ne font pas bon ménage.
D’autant qu’on se trouve là sur un site classé Natura 2000, à une encablure des îles de Lérins !

Une grande opération de nettoyage

Du 4 au 13 mai 2015, l’Agence des aires marines protégées (basée à Brest) lance donc une grande opération de nettoyage.
10 % des 25.000 pneumatiques immergés dans les années 1980, entre Cannes et Antibes, va être enlevée.
« Une action pilote afin de restaurer l’intégrité du milieu marin … et d’éviter toute altération des habitats d’intérêt européen ».
En plus du suivi du milieu naturel, l’état des pneus va être examiné.
« Cette phase test sera évaluée avant que la décision d’enlever tous les pneumatiques ne soit prise », ajoute Élodie Garidou, chargée de mission à l’Agence.

L’immersion des pneus avait été conçue dans le but de développer la production halieutique et de soutenir la pêche professionnelle artisanale.
Par la suite, d’autres récifs plus classiques, épaves et modules en béton, avaient également été plongés dans cette zone. Tout comme des poteaux électriques, des voitures, des cages d’escalier…
Un véritable capharnaüm, dont on espérait qu’il serve d’habitats pour les poissons et au développement d’une faune et d’une flore marine.
In fine, dans cette zone de la Méditerranée, de telles installations se sont rapidement transformées en menace pour l’équilibre naturel des habitats.

Il y aurait d’autres récifs artificiels de pneus en France, comme à Concarneau ou à Langrune-sur-mer dans le Calvados.

Un modèle américain dangereux !

Les acteurs de l’époque avaient suivi un modèle né en Floride.
Tout est parti de la firme de pneumatiques Goodyear qui a proposé de jeter à la mer des pneus usagés pour aider pour les poissons et les espèces marines.
Environ 2 millions avaient été déversés au large des côtes de Fort Lauderlade dans les années 1970. Un triste paysage sous-marin !
Mais là-bas comme en France, ce fut un échec. On s’est en effet rendu compte un peu tard de la toxicité de ces matériaux pour les organismes marins.
De plus, libérés de leurs attaches de nylon et d’acier, ils se sont répandus dans le fond, sur une surface d’environ 5 hectares.
Les États américains ont depuis interdits de tels récifs. La France serait bien inspirée d’en faire autant.

Les États-Unis sont aujourd’hui en deuxième position de volumes immergés dans l’eau avec plus de 1.000 sites aménagés dans un objectif récréatif et esthétique.
Derrière lui, on trouve le Japon avec plus de 20 millions de m3.

Article rédigé par Clémence Vastine.